Rencontre avec Aude et Cora, les accompagnantes de la mission handicap Hand’IGS

A l’occasion de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes en situation de handicap, nous sommes allés à la rencontre de Aude Meynen, psychologue et chargée de mission handicap, et de Cora Cohen, coordinatrice de la mission handicap. Elles nous racontent leur quotidien et leur façon d’accompagner les apprentis du CFA IGS.
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre quotidien ?
Cora :
Mon quotidien c’est d’œuvrer pour l’égalité des chances de nos apprenants en situation de handicap. J’accompagne à peu près 100 apprenants par an, toute situation de handicap confondue : troubles dyslexiques, handicap moteur, sensoriel, maladies, troubles cognitifs…
Cela se manifeste par beaucoup de rencontres et beaucoup d’échanges, ce qui est très riche.
Mes plus belles rencontres sont celles avec les apprenants en situation de handicap, leurs parcours de vie sont souvent passionnants.
Concrètement, j’évalue leurs besoins en aménagement en formation, en entreprise et je les accompagne tout au long de l’année. Je travaille ensuite avec les équipes pédagogiques pour la mise en place de ces aménagements.
Parallèlement, je suis également en lien avec nos entreprises partenaires pour le recrutement et l’intégration d’alternants en situation de handicap.
Aude :
Aucune de nos journées ne se ressemblent ! L’agenda initialement prévu peut-être complètement chamboulé par un apprenant qui se présente à l’improviste, un dossier de financement à instruire en urgence, etc.
Une part de notre travail est très administrative aussi : la mise en place de certains dispositifs comme les aides humaines (preneur de notes, interprètes LSF, etc.) ou les solutions de transport individuelles passe par l’instruction de dossiers que nous devons argumenter et constituer auprès de l’AGEFIPH notamment. Nous sommes aussi amenés à accompagner nos jeunes dans leurs démarches de constitution de dossiers auprès de la MDPH ou de renouvellement de droits.
Nous avons également à cœur de pouvoir sensibiliser au handicap et à l’égalité des chances les entreprises, les équipes pédagogiques et parfois les apprenants eux-mêmes. Il nous arrive ainsi d’animer des sensibilisations au sein des classes car il est essentiel de pouvoir former à la diversité les futurs professionnels qui contribueront à rendre le monde du travail de demain plus équitable, plus riche et plus ouvert à la différence.
Quelle est votre plus grande satisfaction en tant qu’accompagnantes des apprentis en situation de handicap ?
Aude :
Notre métier est d’une telle richesse sur le plan humain qu’il est compliqué d’en isoler une…
Je pense évidemment à certains de mes jeunes que j’accompagne depuis mon arrivée dans l’équipe il y a 3 ans et qui, chaque année, gravissent de nouvelles marches en termes de niveau de qualification. De les voir grandir professionnellement, prendre confiance en eux alors que, pour beaucoup, leur vécu antérieur de la scolarité était négatif, voire source d’angoisse, cela donne tellement de sens à notre travail !
J’ai reçu cet été un mail d’une jeune que j’avais accompagnée il y a 3 ans et qui essayait à l’époque de se débattre avec une phobie scolaire survenue lors de sa dernière année d’études, en Bac +5. Elle a pu être accompagnée dans l’identification et la compréhension de ses troubles ainsi que dans la mise en place d’une démarche psychothérapeutique externe. Des aménagements de scolarité ont été proposés et lui ont permis d’éviter la rupture de parcours et finalement de valider son diplôme. Aujourd’hui, elle est en CDI depuis 2 ans dans un poste où elle a trouvé son épanouissement et elle est parvenue à prendre le dessus sur ses troubles anxieux. Ce type de situation, comme tant d’autres, recharge notre batterie à 100% pour faire face à d’autres dossiers, dont l’issue n’est pas toujours positive malheureusement
Cora :
Je rejoins les propos de Aude, ma plus grande satisfaction c’est de voir les apprenants réussir leur cursus de formation grâce à une collaboration réussie entre Hand’IGS, l’entreprise, l’équipe pédagogique et l’apprenant.
Pour vous donner un exemple, j’accompagnais un apprenant qui avait une maladie rare génétique. Cela se manifestait par des crises de contractions musculaires en classe. J’ai communiqué sur ses besoins et la gestion de ses crises à l’entreprise et à l’école. Par la suite, grâce à l’implication des différents acteurs, qui ont été réactifs et très présents au moment des crises de l’apprenant, il a pu obtenir son diplôme.
Avez-vous une anecdote à nous partager ? Un conseil pour les jeunes en situation de handicap qui n’osent pas se lancer dans l’alternance ?
Aude :
J’aimerais rappeler que le handicap invisible constitue 80 % des situations de handicap.
Lorsqu’on appréhende le handicap, nous sommes chacun confrontés à nos propres représentations du sujet, qu’il faut parfois déconstruire, ce qui n’est pas simple. Je me souviens d’une remarque d’une interlocutrice concernant une jeune que nous accompagnions qui traversait un épisode dépressif : « ça m’étonnerait qu’elle soit en dépression, je l’ai vue rigoler avec d’autres jeunes hier ».
J’en profite pour saluer le travail d’accompagnement remarquable de nos équipes pédagogiques, qui sont en première ligne et d’un grand soutien dans la mise en place des aménagements spécifiques de nos apprenants au quotidien et sans lesquels rien ne serait possible.
Cora :
J’ai échangé avec un apprenant hyperactif avec des troubles de l’attention. Il m’expliquait que la directrice de son collège lui avait dit qu’à cause de sa situation handicap, il ne réussirait jamais à obtenir son brevet et encore moins à faire des études supérieures. A l’heure où je vous parle, il vient de valider son Master 2 en RH. Croyez-en vous et en votre potentiel !
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Aude MeynenChargée de mission handicap & Psychologue |
![]() Cora CohenCoordinatrice de la mission handicap
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